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Le régime micro foncier en SCI : simplification fiscale et optimisation des revenus

02/07/2024
Jérôme Benaïnous

Lorsqu'une Société Civile Immobilière (SCI) perçoit des revenus issus de la location d'immeubles, elle est assujettie à des obligations fiscales spécifiques. Par défaut, une SCI est imposée à l'impôt sur le revenu (IR), sauf si les associés décident conjointement d'opter pour l'impôt sur les sociétés (IS). Dans le cadre de l'IR, la SCI est considérée comme une entité fiscalement transparente. En d'autres termes, ce ne sont pas les bénéfices de la société qui sont imposés, mais plutôt la quote-part revenant à chaque associé, au prorata de sa participation dans le capital social.

Pour l'imposition de ces revenus fonciers, les associés disposent de deux régimes fiscaux distincts : le régime réel et le micro foncier. Ce dernier, objet principal de cet article, offre une simplicité déclarative ainsi qu'une optimisation fiscale avantageuse sous certaines conditions. Explorons en détail les tenants et aboutissants de ce régime privilégié.

Qu'est-ce que le régime micro foncier en SCI ?

Le micro foncier est un régime fiscal simplifié qui s'applique automatiquement aux associés d'une SCI dont le revenu foncier brut annuel issu de la location de biens immobiliers non meublés ne dépasse pas le plafond de 15 000 euros. Ce seuil inclut non seulement les loyers perçus, mais également les revenus accessoires et les recettes exceptionnelles liées à l'activité locative.

Cependant, il convient de noter que les remboursements de charges locatives, les provisions pour travaux et les dépôts de garantie ne sont pas pris en compte dans le calcul de ce plafond. De plus, aucune proratisation n'est effectuée : même les loyers perçus sur une période partielle de l'année sont intégralement comptabilisés. En cas de dépassement du seuil des 15 000 euros, le régime réel s'applique dès l'année concernée.

Avantages du micro foncier

Le principal attrait du micro foncier en SCI réside dans sa simplicité déclarative et son mode de calcul avantageux de l'assiette imposable. En effet, les associés n'ont qu'à renseigner le montant brut des loyers perçus sur leur déclaration de revenus 2042, sans avoir à détailler les charges.

De plus, l'administration fiscale applique automatiquement un abattement forfaitaire de 30% sur ces revenus fonciers bruts, quel que soit le montant réel des charges supportées par la SCI. Seuls les 70% restants sont donc imposés au barème progressif de l'impôt sur le revenu applicable à chaque associé. Plusieurs charges sont déductible en micro foncier.

Option pour le régime réel

Il est important de souligner que les associés bénéficiant de plein droit du micro foncier peuvent choisir d'opter pour le régime réel d'imposition. Toutefois, cette option est irrévocable pendant une période minimale de trois ans.

Conditions d'éligibilité au micro foncier en SCI

Pour bénéficier du régime micro foncier, plusieurs conditions doivent être remplies par la SCI et ses associés :

  • La SCI doit être soumise à l'impôt sur le revenu (IR) et non à l'impôt sur les sociétés (IS).
  • Les biens immobiliers détenus par la SCI doivent être loués non meublés ou nus. En cas de location meublée, les revenus sont considérés comme des bénéfices industriels et commerciaux (BIC) et non comme des revenus fonciers.
  • Le revenu foncier brut annuel de chaque associé, incluant sa quote-part dans la SCI et ses éventuels autres revenus locatifs, ne doit pas dépasser le plafond de 15 000 euros.
  • L'associé doit être propriétaire direct d'au moins un bien immobilier loué vide en dehors de la SCI. S'il ne détient que des parts sociales dans la SCI, il ne peut pas bénéficier du micro foncier.
  • Le bien mis en location par la SCI ne doit pas être un monument historique, un immeuble en nue-propriété, un logement ancien éligible à la loi Malraux, ou bénéficier de dispositifs de défiscalisation tels que Périssol, Besson, Robien, Borloo ou Pinel.

Démarches déclaratives simplifiées

L'une des principales attractions du micro foncier en SCI réside dans la simplicité des obligations déclaratives qui en découlent. Chaque associé n'a qu'à renseigner sa quote-part des revenus fonciers bruts sur sa déclaration de revenus 2042, dans la catégorie des revenus fonciers, sans avoir à compléter le formulaire 2044 dédié.

Du côté de la SCI, la déclaration se fait via le formulaire 2072, qui récapitule les produits, les charges et le résultat annuel à répartir entre les associés au prorata de leur participation dans le capital social.

Calcul de l'assiette imposable : abattement de 30%

Comme évoqué précédemment, le régime micro foncier offre un avantage fiscal non négligeable grâce à l'abattement forfaitaire de 30% appliqué sur les revenus fonciers bruts déclarés par chaque associé. Cet abattement vise à tenir compte des charges liées à la gestion du patrimoine immobilier de la SCI, sans que l'associé n'ait à les justifier individuellement.

Ainsi, seuls 70% des loyers perçus par l'associé au titre de sa participation dans la SCI sont effectivement imposés dans la tranche marginale d'impôt sur le revenu qui lui est applicable. Cette réduction d'assiette peut représenter une économie substantielle, notamment lorsque les charges réelles supportées par la SCI sont inférieures à l'abattement forfaitaire de 30%.

Cependant, il convient de noter qu'en contrepartie de cet avantage, aucune charge ne peut être déduite des revenus fonciers dans le cadre du micro foncier. L'abattement de 30% est censé couvrir l'ensemble des dépenses liées au bien immobilier.

Régime réel d'imposition : alternative au micro foncier

Lorsque les associés d'une SCI ne remplissent pas les conditions d'éligibilité au micro foncier, ou s'ils choisissent d'opter pour le régime réel, ils sont imposés selon les règles du régime réel d'imposition des revenus fonciers.

Contrairement au micro foncier, le régime réel permet aux associés de déduire de leurs revenus fonciers bruts un certain nombre de charges effectivement supportées, telles que :

  • Les intérêts et frais d'emprunts contractés pour l'acquisition, la construction, la réparation, l'amélioration ou la conservation du bien immobilier.
  • Les frais de gestion du patrimoine immobilier (honoraires de syndic, frais de gérance, etc.).
  • Les frais liés à des travaux n'affectant pas la structure profonde de l'immeuble.
  • Les taxes et impôts locaux.

De plus, dans le cadre du régime réel, il est possible d'imputer un éventuel déficit foncier sur le revenu global de l'associé, dans la limite de 10 700 euros. Cependant, cette option n'est pas ouverte aux associés bénéficiant du micro foncier.

En contrepartie de cette flexibilité dans le traitement des charges, les associés imposés au régime réel doivent remplir le formulaire 2044 dédié aux revenus fonciers, en complément de leur déclaration de revenus 2042.

Comparaison des avantages : micro foncier vs régime réel

Afin de déterminer le régime fiscal le plus avantageux pour les associés d'une SCI, il est essentiel de comparer les avantages respectifs du micro foncier et du régime réel. Voici un récapitulatif des principaux points à considérer :

Avantages du micro foncier en SCI :

  • Simplicité déclarative : seule la déclaration 2042 est à remplir.
  • Abattement forfaitaire de 30% sur les revenus fonciers bruts, quel que soit le montant réel des charges.
  • Régime automatique et de plein droit pour les revenus fonciers inférieurs à 15 000 euros par an.

Avantages du régime réel :

  • Déduction des charges réelles liées à la gestion du patrimoine immobilier.
  • Possibilité d'imputer un éventuel déficit foncier sur le revenu global, dans la limite de 10 700 euros.
  • Flexibilité dans le traitement fiscal des revenus fonciers.

En règle générale, le micro foncier sera plus avantageux lorsque les charges réelles supportées par la SCI sont inférieures ou proches de l'abattement forfaitaire de 30%. Dans le cas contraire, le régime réel pourrait s'avérer plus intéressant, notamment si les revenus fonciers sont importants et les charges élevées.

Il est donc recommandé d'effectuer une analyse approfondie des charges prévisionnelles de la SCI avant de choisir le régime fiscal le plus adapté. Une assistance experte peut s'avérer précieuse dans cette démarche.

Cas d'exclusion du micro foncier en SCI

Bien que le micro foncier offre des avantages non négligeables, il existe certains cas où ce régime fiscal est exclu pour les associés d'une SCI. Ces situations sont les suivantes :

  • La SCI a opté pour l'impôt sur les sociétés (IS) au lieu de l'impôt sur le revenu (IR).
  • Les biens immobiliers détenus par la SCI sont loués meublés. Dans ce cas, les revenus sont considérés comme des bénéfices industriels et commerciaux (BIC) et non comme des revenus fonciers.
  • Aucun des associés n'est propriétaire direct d'un bien immobilier loué vide en dehors de la SCI.
  • Le bien mis en location par la SCI est un monument historique, un immeuble en nue-propriété, un logement ancien éligible à la loi Malraux, ou bénéficie de dispositifs de défiscalisation tels que Périssol, Besson, Robien, Borloo ou Pinel.

Dans ces situations, les associés de la SCI seront automatiquement soumis au régime réel d'imposition des revenus fonciers.

Imputation des déficits fonciers antérieurs

Il est important de noter que, même dans le cadre du micro foncier, il est possible d'imputer sur les revenus fonciers de la SCI les éventuels déficits fonciers constatés au cours des dix dernières années, si la SCI était auparavant imposée au régime réel.

Cette possibilité d'imputation des déficits antérieurs peut s'avérer particulièrement intéressante pour les associés, puisqu'elle leur permet de réduire leur assiette imposable et, par conséquent, leur impôt sur le revenu.

Choix du régime fiscal : micro foncier ou régime réel ?

Comme nous l'avons vu, le choix entre le micro foncier et le régime réel d'imposition des revenus fonciers d'une SCI dépend de plusieurs facteurs, notamment le montant des revenus locatifs, le niveau des charges supportées par la société et la situation patrimoniale des associés.

Afin de déterminer le régime le plus avantageux, il est recommandé de procéder à une analyse approfondie de la situation financière et fiscale de la SCI, en tenant compte des projections de revenus et de charges pour les années à venir.

Il peut être judicieux de solliciter l'assistance d'un expert-comptable ou d'un conseiller fiscal spécialisé dans la gestion des SCI. Ces professionnels seront en mesure d'évaluer avec précision les implications fiscales de chaque régime et de vous guider vers le choix le plus adapté à votre situation.

Importance du suivi comptable et fiscal de la SCI

Quel que soit le régime fiscal choisi pour la SCI, il est essentiel de mettre en place un suivi comptable et fiscal rigoureux afin de respecter les obligations légales et de maximiser les avantages fiscaux potentiels.

La tenue d'une comptabilité précise et à jour est primordiale pour disposer d'une vision claire de la situation financière de la SCI et permettre une déclaration fiscale conforme. Il est recommandé de faire appel à un expert-comptable spécialisé dans la gestion des SCI pour assurer un suivi optimal.

De plus, il est important de rester informé des éventuelles évolutions réglementaires et fiscales concernant le micro foncier et le régime réel d'imposition des revenus fonciers. Ces changements peuvent avoir un impact significatif sur la stratégie fiscale de la SCI et nécessiter une adaptation en conséquence.

Exemples concrets d'application du micro foncier en SCI

Pour illustrer de manière concrète l'application du micro foncier dans le cadre d'une SCI, voici quelques exemples chiffrés :

Exemple 1 : Une SCI détient un immeuble locatif non meublé générant des loyers annuels de 12 000 euros. Les charges de gestion (travaux d'entretien, frais de syndic, etc.) s'élèvent à 2 500 euros. Dans ce cas, le micro foncier sera avantageux pour les associés, puisque l'abattement forfaitaire de 30% (3 600 euros) est supérieur aux charges réelles.

Exemple 2 : Une SCI familiale possède deux immeubles locatifs non meublés. Le premier génère des loyers annuels de 10 000 euros, avec des charges de 2 000 euros. Le second produit des loyers de 8 000 euros, avec des charges de 4 500 euros. Ici, le micro foncier pourrait s'avérer intéressant pour le premier bien, mais le régime réel serait plus avantageux pour le second, en permettant la déduction des charges élevées.

Exemple 3 : Un associé détient 40% des parts d'une SCI percevant des loyers annuels de 20 000 euros. Il est également propriétaire direct d'un appartement locatif générant des revenus fonciers de 8 000 euros. Dans cette situation, l'associé ne pourra pas bénéficier du micro foncier pour sa quote-part dans la SCI, puisque le total de ses revenus fonciers (8 000 + (40% de 20 000) = 16 000 euros) dépasse le plafond de 15 000 euros.

Importance de faire appel à un expert-comptable

Bien que le micro foncier en SCI offre une simplicité déclarative appréciable, il est recommandé de faire appel à un expert-comptable pour s'assurer d'une gestion fiscale optimale. Voici quelques raisons justifiant l'accompagnement d'un professionnel qualifié :

  • Analyse approfondie de la situation fiscale : Un expert-comptable pourra évaluer avec précision les implications fiscales du micro foncier et du régime réel, en tenant compte de la situation patrimoniale et financière spécifique de la SCI et de ses associés.
  • Choix du régime fiscal le plus avantageux : Grâce à son expertise, il sera en mesure de déterminer le régime fiscal le plus adapté et le plus rentable pour la SCI, en fonction des projections de revenus et de charges.
  • Respect des obligations déclaratives : L'expert-comptable veillera au respect des délais et des formalités liés aux déclarations fiscales de la SCI, évitant ainsi tout risque de pénalités.
  • Optimisation fiscale : Il pourra identifier et mettre en œuvre des stratégies d'optimisation fiscale légales, permettant de réduire la charge fiscale de la SCI et de ses associés.
  • Suivi comptable rigoureux : Une comptabilité précise et à jour est essentielle pour une gestion fiscale efficace. L'expert-comptable assurera ce suivi indispensable.
  • Veille réglementaire : Les évolutions réglementaires et fiscales concernant le micro foncier et le régime réel seront suivies de près, permettant d'adapter la stratégie fiscale de la SCI en conséquence.

En faisant appel à un expert-comptable spécialisé dans la gestion des SCI, les associés pourront se concentrer sereinement sur la gestion opérationnelle de leur patrimoine immobilier, tout en bénéficiant d'un accompagnement fiscal de qualité.

Conclusion

Le micro foncier en SCI représente une option fiscale avantageuse pour les associés de sociétés civiles immobilières dont les revenus locatifs annuels ne dépassent pas le plafond de 15 000 euros. Grâce à sa simplicité déclarative et à l'abattement forfaitaire de 30% appliqué sur les revenus fonciers bruts, ce régime permet une optimisation fiscale non négligeable.

Cependant, il est essentiel de bien comprendre les conditions d'éligibilité et les cas d'exclusion du micro foncier, afin de déterminer si ce régime est adapté à la situation spécifique de la SCI et de ses associés. Une analyse approfondie, éventuellement avec l'assistance d'un expert-comptable, permettra de choisir judicieusement entre le micro foncier et le régime réel d'imposition.

Quelle que soit l'option retenue, un suivi comptable et fiscal rigoureux est indispensable pour assurer la conformité de la SCI et maximiser les avantages fiscaux potentiels. L'accompagnement d'un professionnel qualifié peut s'avérer précieux à cet égard.

En définitive, le micro foncier en SCI représente une opportunité intéressante pour les propriétaires immobiliers soucieux d'optimiser leur fiscalité tout en bénéficiant d'une gestion simplifiée de leur patrimoine locatif.

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Jérôme Benaïnous
Cabinet AFEX
Jérôme Bénaïnous est expert-comptable et commissaire aux comptes diplômé de Paris Dauphine. Il a reçu le Prix du meilleur mémoire d’Expert-comptable d’Île-de-France. Il a exercé en tant que directeur de mission chez Ernst & Young, un des plus importants cabinets d’audit financier et de conseil, avant de s’installer.
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